Dans notre mission de prévention des phénomènes de radicalisation au sein du DAPR, comment penser le suivi de nos familles, jeunes et parents, durant cette période de confinement ? Je propose une réflexion prospective sur les risques et répercussions encourus par les jeunes sous trois angles différents et concomitants:
> Sous l'angle du lien social, bouleversé par un assèchement des liens avec tous ceux qui sont susceptibles d'apporter ouverture, solutions d'insertion mais aussi débat et contradiction
> sous l'angle de la prédation prosélyte, toujours existante mais potentiellement aggravée par cette situation. Une situation dans laquelle nous pouvons constater une perte du contrôle parental accentuée ; un rejet ou une mise à distance, même minime, des soutiens des travailleurs sociaux ; un contexte international anxiogène, une économie exsangue sapé par un virus mortel et des gouvernements dépassés par la crise et ses débords.
> la prédominance des techniques numériques et virtuelles qui peuvent, sous l'angle des démarches précédemment mentionnées, accroître les risques d'emprise.
Face à cela, cette période de confinement doit nous faire redoubler de vigilance sur nos suivis. Cela passe bien entendu par des recherches d’accroches sur nos jeunes, et sur ce point l’utilisation des moyens comme la visioconférence pour poursuivre les groupes à médiation est une preuve de notre adaptabilité. Mais préserver et garantir le lien avec les parents, les questionner, éviter qu’une routine dans la « gestion » des relations filiales ne s’installent, sont autant de prérogatives tout aussi importantes.