A l'aune des critiques dont la France fait l'objet quant à sa gestion des retours au pays des enfants de djihadistes, il est intéressant de se replonger dans les travaux du RAN qui posait déjà, en 2016, les questions et hypothèses fondamentales quant à la prise en charge de ces nouveaux publics.
Il est difficile d’estimer le nombre d’enfants qui ont quitté l’Europe pour se rendre en Irak et en Syrie. Les estimations varient entre 24 et 70 pour chaque pays. On ne connaît pas non plus le nombre réel d’enfants nés (ou venant à naître) de parents européens en Syrie ou en Irak.
Selon des rapports du Conseil de sécurité de l’ONU, Daesh utilise ces enfants pour porter des armes, surveiller des positions stratégiques, arrêter des civils et comme kamikazes. En outre, les enfants sont particulièrement vulnérables à l’endoctrinement et deviennent des partisans loyaux des organisations terroristes. Ces enfants souffrent à la fois de la violence dont ils sont témoins et à laquelle ils participent, mais aussi du fait que l’expérience de la guerre interrompt et altère leur développement social, moral, affectif et cognitif normal. En outre, au lendemain du conflit, ces enfants risquent d’être exposés à un traumatisme supplémentaire dû à l’expérience de la migration (forcée) et du processus de réinsertion. L’exposition à des traumatismes multiples et répétés présente un risque important pour l’ensemble du développement et le fonctionnement global des enfants et augmente le risque qu’ils souffrent de troubles physiques et mentaux par la suite.
Le document présente les enjeux auxquels les services sociaux et les praticiens engagés dans la prévention doivent faire face en ce qui concerne les traumatismes chez les enfants. Il permet aussi de comprendre l’implication dans la violence des enfants qui rentrent dans leur pays d’origine et donne un aperçu des enseignements tirés dans d’autres domaines, des facteurs de risque et de résilience, du rôle de la famille et de l’effet de contagion.