Nous rencontrons sur le dispositif des jeunes qui nous sont orientés, pour certains, suite à un départ manqué en Syrie ou pour un attrait ouvertement affiché pour l'organisation état islamique (Daech).
S'il y a autant de motivations au départ que de jeunes, il ressort pour certain-es jeunes que ce projet n’est pas tant lié à une adhésion absolue au discours proposé par Daech, mais plus à une nécessité de fuite en avant, un besoin de s’échapper d’une condition dans laquelle ils ne se retrouvent pas ou n’arrivent pas à trouver d'issue ou de sens.
Nocturama, le dernier film de Bonello, propose une histoire singulière qui vient faire particulièrement écho à notre sujet. Dans ce film, il met en scène 7 jeunes qui organisent de manière savamment orchestrée un attentat, avant de se réfugier dans un centre commercial, temple de la consommation. Ce film dont le scénario a été écrit avant les différents attentats qui ont marqué la France ne vient pas parler du djihadisme. Il raconte bien plus que ça : il met en scène « des jeunes désespérés, toutes catégories sociales confondues : des fils à papa au chemin fléché vers l'ENA, des filles et des garçons d'Aubervilliers ou de Saint-Denis, étudiants, chômeurs, précaires, noirs, arabes, blancs. A peine devine-t-on, grâce à plusieurs flash-back, comment ils se sont liés les uns aux autres. Mais on pressent que leur jugement est sans appel sur le monde qui les attend, ou plutôt ne les attend pas. » nous résume L. Guichard sur Télérama.
Ce film raconte de manière très juste le malaise générationnel qui s’installe chez certains jeunes, il raconte une jeunesse nihiliste, prise dans les contradictions d’une société moderne, qui lutte désespérément pour construire du sens. Une analyse qui rejoint notamment celle qu’olivier Roy propose du phénomène djihadiste, pour laquelle nous vous avions proposé une brève il y a quelques temps.
Peut-être un film à regarder avec nos jeunes pour parler ce ressenti, et les aider à cheminer dans cette quête absolue de sens.