Dans cet article mis en ligne par libération, Myriam Benraad, politologue qui travaille sur la dialectique de Daech, propose une réflexion sur le discours de propagande de l’état islamique.
Elle fait le constat que le seul point commun entre tous les jihadistes, c’est qu’ils ont été séduits par ce discours. Pour elle, il faut donc se pencher sur les ressorts de cette propagande et comprendre en quoi elle fascine tant, quel que soit le public en face (musulman-e-s de tradition ou converti-e-s, personnes fragiles ou éduquées, qui viennent des quatre coins du monde).
Parmi ses hypothèses, une me parait intéressante à questionner. M. Benraad fait l’hypothèse que la force de la propagande de Daech réside en partie dans le fait qu’elle a été construite sur différents niveaux (fascination esthétique de la violence, utopie politique, connaissance prétendue savante de l’islam, etc.). Le public qu’elle touche peut s’en abreuver dans un mode de consommation très moderne : le libre-service. Aussi, face à une offre aussi complète, chacun va piocher dedans les éléments qui vont lui parler et ne pas retenir d’autres éléments : toute-puissance ou 2e chance, motivations religieuses ou politiques, fuite en avant ou utopie, etc.
C’est ce qui fait que cela donne une impression qu’il y a autant de jeunes séduits par le discours jihadistes que de motivations à s’engager, et que ces motivations mélangent à la fois des arguments qui peuvent nous paraître archaïques et des façons d’être très modernes (consommation, immédiateté, utilisation des réseaux sociaux…)
Finalement, un des ressorts de ce mouvement réside dans le fait qu’il s’ancre au croisement de « reliquats de la tradition et d’une hyper modernité » nous dit en substance M. Benraad. Une nouvelle forme de syncrétisme ?