Du jihad religieux au jihad politique

Du jihad religieux au jihad politique

par Utilisateur supprimé,
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Médiapart a consacré dernièrement une série d'articles aux services secrets de l’Etat Islamique. Ces articles très documentés sont saisissants : ils expliquent comment sont formés les services de contre-espionnage et d’intervention extérieure de ce mouvement djihadiste (équivalant de la DGSE en France). On perçoit dans l’organisation de ces services des techniques très similaires à celles employées par les services occidentaux, avec les mêmes techniques de repérage, de cryptage, et de légende. L’auteur nous rappelle d’ailleurs que ce fonctionnement n’est pas récent, il remonte à Al-Qaïda.

Ce qui me parait particulièrement intéressant dans cette série d’article que je vous invite à parcourir, c’est qu’ils permettent de se rendre compter qu’au-delà de la folie (meurtrière) qu’on aurait envie de prêter à ces plus ou moins jeunes gens qui se revendiquent de ces mouvements jihadistes, il y a une véritable organisation et idéologie politique derrière. Cette organisation Etat Islamique a en effet eu la volonté de se construire comme un véritable Etat. C’est peut-être cette dimension qui attire tant nombre de jeunes venus de pays occidentaux comme la France : leur jihad serait alors plus politique qu’autre chose. Scott Atran avait d’ailleurs écrit un article à ce sujet il y a quelques temps dans lequel il parlait d’attrait révolutionnaire de l’Etat islamique.

En effet, dans notre société où il semble y avoir une pénurie de contre-modèles (ou de contre-idéaux) sociétaux qui permettent aussi aux jeunes de se construire, l’Etat Islamique donne l’illusion d’en apporter un solidement construit… et accessible.

 Cette deuxième dimension est cependant de moins en moins vraie, l’Etat Islamique ayant perdu la majeure partie de son territoire. Mais le fond du problème reste présent, et nous pouvons imaginer que d’ici peu va ressurgir un autre contre-modèle qui aura une force d’attraction aussi puissante. Il faudra alors accepter de se reposer et de s’atteler à cette même question : comment peut-on à nouveau offrir dans nos sociétés des espaces de rêves et d’idéalités à nos jeunes ?