L'ouverture
Le parcours citoyen jeune et le séjour de rupture
Une action en direction des familles et entourage familial (frères et sœurs, grands parents...) avec des objectifs précis.
L'accompagnement des personnes signalées en voie de radicalisation (mineures ou majeures) selon un parcours structuré.
Le parcours citoyen jeunes et le séjour de
rupture
Cette action proposée sous la forme d’un parcours inscrit dans le temps (9 mois) repose sur l’idée que les jeunes dont nous sommes en charge via notre dispositif présentent un certain nombre de dénominateurs communs :
- Absence de projet de vie qui les motive et les dynamise, suite à un décrochage scolaire ou de leur parcours formatif.
- Difficulté à se mobiliser autour d’une action qui n’est pas proposée par leur communauté d’appartenance religieuse.
- Difficulté à s’ouvrir, à communiquer en dehors du discours « calibré » des personnes qu’ils fréquentent et qui les influencent.
- Besoin d’être valorisé dans ce qu’ils sont, et d’être requalifié à travers une mission utile et salvatrice.
- Besoin d’appartenir à un groupe de pairs, besoin de partager un but et une vision sociétale commune à visée sociale/humanitaire, idéalisation d’un ailleurs, loin de leur territoire et de leur famille, où ils pourraient accomplir une mission.
- Difficulté à faire confiance à l’adulte, voire tendance à développer un certain mépris à l’encontre des valeurs que les institutions (famille, école), leur ont transmises.
- Tendance ou forte propension à dissimuler/cloisonner dans leur discours ou leurs actes du quotidien.
Ce projet intitulé « Parcours Citoyen Jeunes » s’inscrit dans une temporalité de 9 mois, avec une progression et une articulation dans les actions proposées et les objectifs visés.
Objectifs socio-éducatifs du Parcours Citoyen jeunes
Il s’agit :
- D'enrayer ou de « suspendre » le processus de radicalisation repéré chez eux.
- D'ouvrir d’autres espaces de rencontres et d’échanges avec des personnes-ressources repérées par eux comme « de confiance » car non imposées par leurs parents.
- D'ouvrir des espaces de discussion autour de l’islam afin de vérifier si leur croyance peut être jugée nocive ou inadaptée, les amener à questionner leur relation « exclusive » à cette religion, où ils se rendent dépendants d’une pratique rigoriste et extrême qui peut les détourner de leur communauté d’origine (familles, amis, réseau social et professionnel).
- De répondre à leur envie d’appartenir à « une communauté » en les associant à un groupe de jeunes de leur âge.
- De remobiliser ces jeunes sur un projet individualisé et personnalisé.
Par une approche individualisée et pluri professionnelle, le D.A.P.R. « accroche» ces jeunes en situation de fragilité et de construction identitaire, en s’appuyant sur leur quête, leur envie de « faire quelque chose de sa vie », pour les « reconnecter » à une vie sociale et familiale dans laquelle ils peinent à trouver motivation et sécurité.
A savoir
Deux principes sous-tendent le projet en 4 étapes du Parcours Citoyen Jeunes :
- Le travail avec les familles avec lesquelles le lien sera toujours maintenu et renforcé. L'accord parental sera de toute façon requis pour les mineurs.
- Le parcours est proposé aux jeunes sur la base du volontariat et de la libre adhésion.
Descriptif des étapes du Parcours Citoyen jeunes
1 ère étape
Mise en place d’un accompagnement spécifique durant 3 mois, auprès de jeunes mineurs et majeurs connus du dispositif d’appui à la suite d’un signalement pour risque de radicalisation. Au cours de cette étape, des temps de rencontres individuels et collectifs seront proposés par notre équipe pluridisciplinaire, à savoir:
- Des échanges avec le travailleur social et un psychologue clinicien en vue de dessiner avec eux leurs motivations et leurs projets éventuels.
- Une participation à des groupes d’échanges et d’expression entre ces jeunes animés par une sociologue et, alternativement, le travailleur social, un psychologue et l’imam intervenant régulièrement pour nos actions sur les questions en lien avec l’islam . Ces groupes visent à renforcer la dynamique de groupe, et à construire une petite communauté de pairs à laquelle ils peuvent s’identifier et se raccrocher.
- Des actions spécifiques sous forme d’ateliers proposés en fonction du projet personnalisé et du séjour qui suivra (cours linguistiques, préparation au voyage et à la découverte du lieu etc.)
2ème étape
Un séjour préparatoire de 3 jours, au lieu de vie « Hameau de Vaunières », (05 140 St Julien de Beauchêne) géré par Solidarité Jeunesse Villages des jeunes »:
Tél : 04 92 58 15 54 - coordination.vaunieres@gmail.com
L’association Les Villages des Jeunes, créée en 1964, est devenue délégation régionale du mouvement national Solidarités Jeunesses en 1996 et dispose de l’agrément Jeunesse et Sport. Reconnue d’utilité publique, elle a pour vocation de faire revivre des lieux ruraux abandonnés et permettre à des personnes d’origines sociales et culturelles diverses de se rencontrer autour d’une action utile.
Le hameau de Vaunières est situé sur la commune de St Julien en Beauchêne dans les Hautes Alpes. Tout au long de l’année, ce village accueille des enfants, adolescents, familles, personnes âgées, personnes handicapées, artistes, artisans, passionnés de montagne, jardiniers, chômeurs, personnes fragilisées par des accidents de vie, qui viennent de quartiers défavorisés comme de régions rurales reculées ou des quatre coins de France et du monde entier. Dans ce village, ces individus s’attèlent à divers chantiers de rénovation à visée pédagogique et/ou professionnelle.
Le lieu, à 1200 mètres d’altitude, est propice à la découverte de la nature, au changement de paysage, du béton au plein air, et permettra aux jeunes en quête de sens, de s’investir dans de nombreux chantiers.
Ce hameau a aménagé un accueil sous forme d'un gîte de 10 places, équipé d'une kitchenette et
d’une petite salle de séjour, de chambres de 2 personnes, sanitaires indépendants et accessible aux personnes à mobilité réduite.
L'encadrement de ce séjour est assuré 2 professionnels du D.A.P.R
3ème étape
Un séjour de 3 semaines au sein d’une association à visée humanitaire et sociale en s’investissant dans un travail de bénévolat et de relation d’aide.
Le choix d’un lieu à l’étranger avec un objectif caritatif et social répond à la fois à leur aspiration de s’investir dans un projet à visée humanitaire (très présent dans les entretiens notamment chez les filles qui veulent souvent consacrer leur vie à « sauver autrui ») et aussi pour répondre à leur aspiration de « voyage », où « l’ailleurs » est forcément pour le jeune synonyme d’une vie meilleure et en accord avec son idéal...
Par ailleurs, le lieu et l’association choisis leur donneront à voir des conditions de vie difficile, au plus près des populations précaires. Les conditions d’accueil seront en appartement collectif loué sur place, sans télévision ni connexion Internet.
Enfin, le fait d’aller dans un pays où ils ne connaissent ni la langue ni les « codes » peut les amener à faire appel à leurs propres compétences personnelles, (apprentissage en amont des rudiments de la langue grecque, capacités d’adaptation, capacités à se décentrer pour aller vers l’autre et la découverte de personnes différentes, capacité à s’adapter à des conditions de vie rudes, où l’absence de confort et la limite des moyens de communication seront prégnants, etc.).
Le fait de choisir une destination « loin de chez eux » (ces jeunes ne sont pour la plupart jamais sortis de leurs quartiers ou de la France) permet de les extraire pour un temps de leur quotidien et de leurs habitudes de vie, en les immergeant dans un environnement inconnu d’eux (personnes étrangères à leur entourage habituel, avec la nécessité d’apprendre une langue qui n’est pas la leur, donc de se doter d’une compétence supplémentaire qui les valorise). Cette immersion en terre inconnue permettra aussi de questionner leurs capacités à s’adapter, à s’investir, à partager, à accepter des contraintes et des difficultés différentes de leur quotidien de jeunes français.
Durant les 3 semaines, les jeunes seront amenés à travailler pour l’association d’accueil en qualité de bénévoles, sans aucune indemnité financière, et selon un planning horaire préétabli avec l’IRJB et l’association partenaire à l’étranger, respectant la durée légale de travail et les jours de repos. Des temps seront aussi consacrés à la découverte du site, de la ville et des populations.
Du fait de l’encadrement proposé (cf éléments descriptifs ci-après), ces jeunes sont accompagnés dans cette découverte et ces apprentissages par des professionnels de l’IRJB avec des temps d’échanges et d’évaluation (individuel et groupal) tout au long des 3 semaines.
Cet éloignement, spatial et temporel, s’assortit aussi d’autres contraintes pour « casser » des habitudes jugées nocives, telle l’impossibilité d’être « rivé 24h/24h » à son téléphone portable ou à sa tablette numérique, et à suspendre, par des activités concrètes, son activité numérique qui remplit largement sa vie. Il s’agit donc bien de faire une rupture non seulement avec des lieux et des personnes familières, mais aussi avec des habitudes, des codes socioculturels, voire des rituels spécifiques.
4ème étape
Poursuite d’un accompagnement individuel et personnalisé, au retour du séjour de 3 semaines, durant une période de 6 mois environ, avec la mise en place d’un suivi personnalisé visant à maintenir la dynamique de remobilisation autour d’un projet de vie social, formatif, professionnel et familial. Ce retour à la vie normale et au principe de réalité de ce que vit le jeune en France doit s’accompagner d’un étayage social, éducatif voire psychologique, et d’un travail en réseau avec nombre de partenaires institutionnels et associatifs. Il s’agit de continuer « à occuper le terrain » auprès du jeune, à le maintenir dans un projet auquel il adhère, afin de lui éviter de « rechuter » dans le processus de radicalisation. Ainsi, pour certains jeunes dont le projet est de poursuivre un projet à visée sociale, des passerelles seront proposées pour intégrer un parcours professionnel et formatif des jeunes. De même, l’accès au logement ou à l’hébergement adapté sera proposé, ainsi que des ateliers à visée socio-éducative et sportive (atelier boxe, théâtre/vidéo).
Pour chacun, des contacts sont maintenus dans la semaine (appels téléphoniques, envois de texto, rendez-vous, etc.) par l’équipe du dispositif d’appui (travailleur social, psychologue, imam).
Eléments descriptifs du séjour de 3 semaines à l’étranger
Pays européen retenu : La Grèce
Association partenaire : ANIMA
Association pour la protection et le bien-être de la faune, Athènes
Projet centré autour de :
- Travaux de rénovation de leur centre de soins (à Athènes et sur les flancs du Mont Hymette).
- Soins et remise en liberté de tous les animaux sauvages qui se trouvent à l'hôpital blessés, affaiblis ou malades.
- Protection de la faune par l’éducation à l’environnement, la sensibilité à l’environnement et la collaboration des citoyens.
Partenariat construit grâce au soutien de l’Ambassade de France à Athènes.
Hébergement dans un appartement collectif loué sur place.
Durée du séjour : 21 jours.
Nombre de jeunes accompagnés : 3 à 4 personnes majeures et mineures. Groupes mixtes.
Validation par la CPRAF.