À l’instar de la situation survenue en France en octobre 2020, l’Angleterre a connu dernièrement le cas d’un professeur harcelé pour avoir montré des caricatures de Mahomet. Là-bas aussi ont sévi le même activisme de certains parents d’élèves, la même distance, voire le même « lâchage » de sa hiérarchie. Et il y a pire, dans ce pays érigeant le multiculturalisme, des représentants de la communauté musulmane du Yorkshire ont demandé à Boris Johnson de licencier ce professeur pour cause de blasphèmes. Cet extrême n’a pas été franchi, mais ce professeur a tout de même été suspendu par l’école et une enquête interne a été ouverte contre lui. Il a ensuite été stipulé que ce genre d’enseignement était inapproprié avant d’être retiré des programmes. Depuis, le professeur et sa famille se cachent par peur de subir les mêmes foudres que son collègue d’outre-Manche.
L’histoire se répète dans un pays qui n’a pas adopté le mode de laïcité à la française, mais qui prône en revanche le sécularisme. Face à ces dérives, de nombreux progressistes parmi les forces politiques, mais également musulmanes ont défendu la liberté d’enseigner, autrement dit cette liberté d’expression qui nous est si chère. Celle-là même qui rappelle qu’il n’existe pas dans la loi (code civil et pénal), ni en France ni au Royaume-Uni, de délit de blasphème.
Cette réitération de l’histoire nous rappelle que les pires exactions peuvent être perpétrées dans des pays démocratiques au nom d'une position victimaire et sous prétexte d'un droit de réaction. Lorsque la liberté d’expression rencontre l’intolérance et la censure…
Information parue dans le Charlie Hebdo du 7 avril 2021. N°1498